Lettre d'information

23 Mars 2021

Formations continues des thérapeutes du Québec sur les relations non monogames consensuelles

Monsieur, Madame,

Nous vous adressons cette lettre afin de vous informer d’une initiative de l’American Psychological Association (APA). Initiative qui se doit également d’être établie au Québec.

Vous n’êtes pas sans savoir que la société dans son ensemble change et que de ces changements émergent diverses formes relationnelles. Nous avons vu l’éclatement de la famille nucléaire traditionnelle, l’apparition des familles monoparentales et les nombreuses familles recomposées et étendues. De plus, ces dernières années, il y a un changement au niveau des relations amoureuses et romantiques. Plusieurs voix s’élèvent dans les médias sociaux, tout comme dans les médias traditionnels, pour parler des relations amoureuses différentes. Ces voix montrent que le couple monogame exclusif ne doit plus être considéré comme la seule option valide. Un nombre grandissant de gens choisissent de vivre ouvertement selon un modèle relationnel appartenant à ce que nous appellerons la non-monogamie consensuelle.

Ces personnes, tout comme celles adoptant des unions amoureuses conventionnelles, peuvent vivre diverses difficultés au niveau de leurs relations. Nous considérons qu’elles doivent, tout aussi équitablement, pouvoir bénéficier des mêmes accès aux soins psychologiques et thérapeutiques. Ces soins doivent se vivre sans jugement et sans se heurter aux idées préconçues ni à l’ignorance de certains thérapeutes ou psychologues. Parmi la communauté polyamoureuse, bon nombre de personnes cherchant de l’aide en santé mentale cachent volontairement leur pratique relationnelle pour éviter d’être jugées. D’autres sont « traîtées » par des

thérapeutes leur disant que leurs problèmes viennent de leur pratique relationnelle, et ce, sans qu’un réel effort soit fait pour découvrir d’autres avenues possibles à leurs difficultés. Nous savons également que certains thérapeutes qualifiés, mais sans expérience concernant la non-monogamie consensuelle donnent des informations erronées et nuisibles à leurs patients. Ils ne réalisent pas que ces conseils peuvent avoir un sens dans les relations amoureuses traditionnelles, monogames et exclusives, mais ne fonctionnent pas forcément dans des situations de relations dites non monogames.

Dans ces circonstances, et pour soutenir les membres de notre communauté, nous souhaitons vous informer que L'American Psychological Association (APA) a récemment annoncé que le Groupe de travail de la Division 44 sur la non-monogamie consensuelle a été transformé en comité permanent. Le mandat de ce groupe est d’informer et de sensibiliser sur les diverses expressions de la non-monogamie consensuelle et les diverses expressions de relations intimes, y compris, mais sans s'y limiter ; les personnes qui pratiquent le polyamour, les relations ouvertes, le swing, l'anarchie relationnelle et d'autres types de relations éthiques non monogames. L'un des objectifs de ce comité est d'améliorer la qualité des soins de santé psychologiques et mentaux fournis aux personnes vivant dans des relations consensuelles non monogames.

En plus de leur travail en faveur d'un meilleur accès aux thérapeutes, le comité de l'APA sur la non-monogamie consensuelle travaille sur une formation pour mieux soutenir les connaissances professionnelles des thérapeutes sur la façon de travailler avec leurs clients non monogames. L’APA reconnaît d’ailleurs, en tant que fournisseur de formations, le CARAS Research (https://www.carasresearch.org/) où les thérapeutes peuvent gagner des crédits de formation continue en participant à leurs séminaires. À notre connaissance, il n’existe aucune structure équivalente au Québec ni au Canada.

Nous croyons fermement qu’un tel comité devrait voir le jour, ici, au Québec. Nous avons entendu parler quelques fois d’initiatives personnelles effectuées auprès d’étudiants. es universitaires par le personnel enseignant ou encore certains comités ou groupes universitaires. Ces initiatives, bien qu’intéressantes et encouragées, sont loin d’être équivalentes à ce qui est offert par l’APA.

L’OBNL Polyamour Montréal a pour mission de représenter et de regrouper les personnes polyamoureuses du Québec, ainsi que d’informer l’ensemble de la population concernant les enjeux réels que vivent les personnes en situation de non-monogamie consensuelle. Savez-vous que les divers groupes et pages représentant les relations non monogames ou polyamoureuses sur les médias sociaux au Québec comptent plus de 7000 membres ? Que des médias traditionnels comme Le Devoir, TVA, Radio-Canada, Télé-Québec, Le Journal de Montréal ont publié plus d’un article ou reportage sur le sujet dans les trois dernières années ?

En tant que représentants de cette communauté, nous demandons officiellement qu’une formation se consacrant à la compréhension, à la lutte à la stigmatisation et aux soins des patients dans des relations consensuelles non monogames soit offerte en continu aux conseillers, travailleurs. euses sociaux, thérapeutes, sexologues, psychiatres et psychologues du Québec. Il est du devoir des thérapeutes d’être informés et à jour de l’évolution des relations dans la société et pour ce faire, les différents ordres les représentants se doivent de leur offrir des formations adéquates. 

Soyez assurés que l’OBNL Polyamour Montréal sera présent pour vous aider, vous soutenir et avancer à vos côtés dans cette démarche qui se doit d’être faite pour le bien-être des individus et l’évolution de notre société. Le Québec et ses divers thérapeutes professionnels se doivent d’être à l’avant-garde de l’évolution des relations amoureuses, romantiques et consensuelles.

En terminant, nous tenons à vous réitérer notre collaboration dans les démarches à faire pour mettre en place ces formations. Soyez assurés de notre entière disponibilité.

Nous vous prions, Monsieur, Madame, de croire en l’expression de notre haute considération.


Isabelle Guillemenot (elle)
Présidente, Polyamour Montréal

c. c.